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Si vous venez pour la première fois sur le blog, je vous invite tout d'abord à faire connaissance ci-dessous...
J'ai eu le coup de foudre pour la Chine comme on a le coup de foudre pour une fille.

C’était en 1998, à la descente de l’avion, à l’occasion d’un premier voyage. A la seconde où mes pieds ont touché le tarmac, toutes mes interrogations liées au bonheur ont trouvé une réponse spontanée : le bonheur, c’est d‘être ici. A cet instant précis, j’ai su qu’un jour, je viendrais y vivre.

En 2003, après une période de maturation nécessaire, le rêve de l’expatriation est devenu une réalité. Vous raconter qui j’étais avant, et ce que je faisais en France, en dehors de l’attente du départ pendant toutes ces années, est sans intérêt. Mon quotidien en Chine, je le rêvais, tout le temps.

Ce qu’il faut que vous sachiez sur moi, c’est que j’étais venu pour ça : je suis venu pour cette atmosphère dans les rues. Je suis venu pour ces couleurs. Je suis venu pour le sourire des humbles. Je suis venu pour les lumières de la nuit. Je suis venu pour l’assourdissant trafic constant. Je suis venu pour cette population de fourmilière, partout, tout le temps. Je suis venu pour ce pays débordant de vie. Je suis venu pour ce pays qui ne s’arrête jamais.

Et après quelques années passées en Chine, comme dans n’importe quelle histoire d’amour, la passion a fait place à l’habitude.
Je suis parti à la recherche de la différence, et je suis resté pour aboutir la compréhension de moi-même, pointé du doigt que je suis par les locaux, avec ma couleur de peau différente ; la couleur de mes yeux, différente ; ma texture de cheveux, différente ; l’expression de mon visage, différente. Je suis resté pour cette culture plurimillénaire, qui perdure. Je suis resté pour cette indigence, tellement présente qu’elle en devient transparente. Je suis resté pour cette richesse due à une explosion économique exponentielle. Je suis resté pour cette cohabitation constante entre une pauvreté quart-mondiste et une modernité high-tech. Je suis resté pour cette ambiance, où la frénésie à faire des gains financiers pharaoniques côtoie des outils ancestraux.

Je vis à Suzhou, dans la province du Jiangsu, à 90 kilomètres de Shanghai, et à 1500 bornes de Pékin. Mon nom chinois, c'est Ke Lin. Depuis l'été 2005, je vis avec Cai Li, que j’ai épousé en septembre 2009. Depuis le printemps 2005, j'ai monté ma société de représentation, Onesource Agency.

- Exotisme au quotidien : relate toutes les anecdotes surprenantes et amusantes liées à la différence culturelle. Rien dans les guides touristiques ne prépare à ces situations quotidiennes étonnantes, à des encablures de ce que l'on peut vivre en Occident.

- Société contemporaine :
 la Chine est en pleine mutation, s'ouvrant sur le monde, jouissant d'une explosion économique unique. Cette rubrique est le témoin de cette évolution vers la modernité, sur un mode explicatif, analytique, mais aussi sympathique... Et souvent exotique.

- Traditions millénaires :
 comment les traditions ont-elles perdurées ? De quelle façon évoluent-elles dans un contexte de modernisation ? Accessible depuis peu, la Chine reste très mystérieuse, et cette rubrique propose d'en explorer les coutumes, recensant par ailleurs quelques carnets de voyages.

- Vidéo :
passionné de cinéma depuis l'enfance, je vous propose quelques courts-métrages, montés en vidéo numérique, dont notamment la série de reportages « en Chine avec l’expat ».

2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 13:12


Depuis les émeutes à Lhassa, je ne cesse de me répéter que je ne peux passer sous silence cette oppression, dans un pays qui, paradoxalement, accueillera bientôt l'évènement sportif le plus universel qui soit, et dont le principe reste la fraternité entre les peuples. Vivant à trois mille kilomètres du Tibet, et ayant croisé, en cinq ans en Chine, moins de dix tibétains, il me paraissait impossible de baser un article sur mon vécu, alors que c'est le principe même du blog. Je ne m'étais par ailleurs jamais vraiment intéressé au Tibet, et ne peut, encore actuellement, prétendre à aucune expertise.


 

 

Involontairement, Cai Li m'a donné la première substance de l'article, et pour des raisons peu flatteuses : Cai Li est chinoise, et lors de discussions politiques, cela donne lieu à des scènes de ménage au solde desquelles nous restons campés sur nos positions : c'est un dialogue de sourds.


 

Et puis, depuis les émeutes en mars dernier, la situation a considérablement évolué. Nous en connaissons tous, à travers l'actualité, les conséquences sur le relais de la flamme olympique, le boycott de Carrefour en Chine, etc... Et quand on est étranger en Chine, et plus particulièrement français, tout ceci a des répercussions et génère des interrogations au quotidien.

  A travers cet article, je souhaite relater ces questionnements, depuis les émeutes tibétaines, jusqu'aux contestations parisiennes, à quelques jours des jeux olympiques. Comment les choses sont-elles ressenties par les chinois ? Quelle est la compréhension occidentale ? Comment les gouvernements et les médias véhiculent-ils ces évènements ? Quelles en sont les conséquences pour les étrangers ? 

La rédaction de cet article n’a aucun objectif politique, même si j'ai mes opinions, qu'elles plaisent ou non. Et en aucun cas, je ne prétends édicter des vérités. Vos commentaires sont les bienvenues : la confrontation courtoise de nos points de vue permettra d'élargir notre champ de compréhension.
 

1°/ Printemps meurtrier :

 

Samedi quinze mars, sur un fond de jazz, je me connecte aux sites d'informations en sirotant mon café. J'apprends alors les violences ayant commencé la veille au Tibet. De la détente agréable que constituait ce démarrage de week-end, je suis passé à la tristesse la plus noire. J'ai passé la matinée à surfer, espérant lire les récits d'étrangers sur place. C'était le black-out, et j'ai du me contenter des dépêches rachitiques des agences répétant qu'elles ne savaient rien, mais que ça allait mal.

 

Cai Li n'était pas avec moi : comme tous les jours, elle s'était levée à six heures pour ouvrir son magasin. Vers midi, je l'ai rejoint pour déjeuner. Sur mon scooter électrique, taraudé par ces violences, je n'arrivais à m'extraire de ce cauchemar se déroulant, certes à trois mille kilomètres, mais dans le pays dans lequel je vis. Le ciel bleu, le soleil radieux, et l'atmosphère printanière de Suzhou m'apparaissaient complètement décalés en regard de la situation au Pays des Neiges, glaçante aux tripes. 

 

Cai Li m'a accueilli à la porte du point de vente, souriante de voir que les chalands affluaient. Son employée a gardé le magasin, le temps que nous déjeunions. Déambulant sur le trottoir, à l'ombre des frondaisons du printemps retrouvé, je lui ai demandé si elle était au courant de ce qui se déroulait. Elle n'en savait rien, n'ayant pas suivi les infos, et préférait évoquer l'augmentation du chiffre d'affaires de son bouclard, plutôt que de celle du taux d'adrénaline de ceux qu'ici on appelle "les séparatistes".

 

Le repas a laissé une saveur amère. Par une si jolie journée, elle ne comprenait pas que je fasse référence aux émeutes, alors que je pouvais profiter d'une balade dans un jardin de Suzhou. C'était plus fort que moi : je ne pouvais les chasser de ma tête. Ce jour-là, je ne savais m'en tenir qu'au fait que l'armée chinoise réglait à balles réelles le compte de prétendants à l'indépendance. Cette information s'est révélée moins simpliste quelques jours plus tard. Répéter à Cai Li que les soldats de son pays abattaient des civils sur ordre gouvernemental n'a suscité que soupires : elle ne voulait pas l'évoquer, essentiellement par crainte que nous dérapions vers une violence verbale en public.

 

Alors que Cai Li retournait à son comptoir, je me ruais sur l'Internet afin d'en comprendre plus sur une situation à laquelle j'étais étranger. Je n'ai eu de cesse, dans les jours suivants, de poursuivre mes investigations. Comme à l'accoutumée, s'informer en Chine relève tant de l'exploit que des tribunaux. Les choses se sont précisées dans la semaine, et j'ai cru comprendre alors que, du fait d'une histoire partagée avec la Chine, les tibétains ne souhaitaient pas foncièrement leur indépendance, mais leur reconnaissance culturelle. Dans tous les cas, les évènements, à Lhassa comme dans les provinces voisines, dévoilent clairement la politique du gouvernement en la matière. Et le plus incroyable, vu depuis l’Occident, c'est que la population chinoise cautionne ses actions.


 

2°/ Tibète or not Tibète, dat iz ze kouèchtieune :

 

Il existe une cinquantaine d'ethnies en Chine. Les Hans constituent neuf dixième de la population, et les ethnies les moins nombreuses recensent quelques milliers d'individus. Toutes son fédérées par la territorialité, et la langue, le mandarin. Même si le mandarin est l'idiome officiel, il existe quantité de dialectes, très communément usités pour communiquer. Et en campagne, il n'est pas rare de croiser des gens qui ne parlent pas mandarin. La proximité de certains dialectes avec le mandarin permet de les comprendre. Et l'écriture, pour la plupart, est la même. Malgré tout, il existe une mosaïque de langages et de cultures.

 




D'après ma maigre compréhension de la situation, et malgré le simplisme des informations relayées, la plupart des tibétains ne souhaitent pas leur indépendance, mais vivre en accord avec leur culture. La religion reste le fondement d'une existence tibétaine, où l'enrichissement est banni. Pour un Han, la réussite est une nécessité sociale. Dans ces appropriations culturelles diagonales, l'affrontement est inévitable. Les chinois croient en l'argent, et poussent naturellement les tibétains à s'enrichir, alors que ceux-ci, par essence, rejettent le profit. Et la religion étant accessoire pour les Hans, ils étouffent toute velléité spirituelle tibétaine, détruisant les temples, et emprisonnant les moines. Pour se justifier, les chinois brandissent l'expansion au Tibet, expliquant ainsi que leur démarche est faite pour le bien des tibétains, même si c'est malgré leur volonté.




 

Les émeutiers du quatorze mars s'en sont pris à d’anodins tartempions chinois, les lynchant, en protestation de l'étouffement de leur besoin d'expression religieuse, et suite à l'arrestation massive de moines. Ces chinois n'étaient que des lampistes : il s'agissait certainement de gens très bien, qui n'avaient rien fais aux tibétains, et qui ont eu le malheur de se trouver là au mauvais moment. Mais comme souvent en Chine, le calme a été retrouvé au prix du sang.


En Chine, on peut revendiquer son appartenance, dès lors qu'elle ne rentre pas en confrontation avec le tronc commun. L'harmonie est un principe fondamental de la culture chinoise, qu'on ignore en Occident, et qui pourtant explique beaucoup de choses, même si ça n'est jamais le seul paramètre. Les chinois croient en l'harmonie, en un consensus social qui se doit d'être un modus vivendi suivi par l'intégralité de la population. Dès lors, dans l'esprit chinois, la vérité et la liberté n'ont plus d'importance : l'essentiel est de suivre une ligne directrice commune pour atteindre un bien être collégial. Et toute la population y adhère. Le gouvernement chinois, dans une certaine mesure, ne fait que répondre à cet impératif culturel. Et ici, on retrouve ce principe tout le temps :

 

Parfois, quand Cai Li regarde les informations télévisées, je lui fais quelques remarques, et l'invite à accéder aux médias occidentaux, pour qu'elle se forge son propre avis. Elle-même me rétorquera qu'elle risquerait de développer une analyse propre, et que cette idée la met mal à l'aise. Très directement, elle m'avoue qu'elle est beaucoup plus rassurée de penser la même chose que tout le monde, et que cela va dans le sens d'une harmonisation collective, concept social bien plus essentiel dans un quotidien chinois que la recherche de la vérité, ou que le droit à l'information ou à l'expression. A l'écouter, ces velléités individualistes sont des lubies occidentales, et il n'y a rien d'étonnant à ce que notre économie soit sur le déclin, car nous pensons avant tout à nous mêmes, sans aucun esprit d'équipe national.

 

De même, le cheminement des individus en Chine se doit d'être le même : au sortir de ses études, on trouve un travail, on rencontre quelqu'un, on l'épouse, on achète un appartement, et on fait un enfant. Dans cette existence jalonnée, se marier après trente ans est un manquement à la norme collective, qui peut amener à être montré du doigt. Et j'en ai connu des chinois qui, leur environnement estimant qu'ils avaient l'âge, décidaient de se marier à une date future précise... Alors qu'ils n'avaient encore rencontré personne : rentrer dans le moule de l'harmonie sociale est tant un besoin qu'un aboutissement. En Chine, c'est la correspondance au consensus social qui génère la reconnaissance et l'accession au bien-être. Alors qu'en Occident, l'individualité prime. Bref, en Chine, il est essentiel, pour être heureux, de ne pas faire de vague, et suivre la norme. Et tous les chinois s'y accordent. Toute personne ayant d'autres désirs, qu'ils soient légitimes ou non, est de facto marginalisée. On ne peut pas les juger : la vérité n’est pas universelle, mais culturelle.

 








Dans ce contexte, les Hans représentant 90% de la population, leurs valeurs prévalent. Connaissant l'importance, à l'échelle de la population, que revêt l'harmonie collective, celle-ci s'est immédiatement rangée derrière son gouvernement, appuyant fermement la purge tibétaine, dont les "séparatistes" souhaitaient briser cet équilibre consensuel, auquel pourtant tout le monde adhère, et pour lequel tous se battent au quotidien pour atteindre l'objectif suprême : l'harmonie totale. A mon sens, qui n'a pas connaissance de cette exception culturelle chinoise peut difficilement analyser la situation dans sa globalité, au risque de diaboliser irréversiblement une population, la reléguant automatiquement aux heures les plus noires du fascisme.





 



D'ailleurs, les réactions chinoises ne se sont pas faites attendre : toutes soutenaient la politique du gouvernement en la matière. Ne lisant que bien piètrement le mandarin, Cai Li a relayé beaucoup de découvertes sur les forums nationaux, où les internautes chinois faisaient montre d'une violence verbale telle à l'égard des émeutiers, qu'ils donnaient l'impression de vouloir prendre les armes. Et certains commentaires donnaient froid dans le dos, leurs rédacteurs détaillant la façon dont il fallait tuer les contestataires, évoquant par écrit des tortures abominables.


Appréhender cette nécessité essentielle qu'ont les chinois d'habiter le meilleur des mondes, avec des valeurs idoines pour tous, aide à comprendre leur comportement. Pour autant, quand on est occidental, qu'on croit en la liberté individuelle et à l'expression totale, s'approprier cette démarche est, dans mon cas, impossible et douloureux. A son paroxysme délirant, c'est espérer un univers de clones, alors que je pars plutôt du principe que ce sont les différences qui créent les richesses humaines.

 

En s'insurgeant à la veille des jeux olympiques, les protestants ont choisi leur moment : le monde a le regard tourné vers la Chine. La réaction occidentale ne s'est pas faite attendre. Dans un contexte de mondialisation où les courbettes au géant chinois sont incontournables, ces manifestations ne sont pas venues des dirigeants, bien mal à l'aise pour d'évidentes raisons économiques, mais de l'opinion publique.

 

3°/ Réponse de normand, où la réaction étatique occidentale :

 

Depuis treize ans que je travaille avec la Chine, je reste étonné du revirement médiatique total dont elle a bénéficié en Occident. Auparavant, l'Empire du Milieu était virulemment dénoncé : c'était la pire des tyrannies, où les exécutions conféraient à l'abattage, et où une population pauvre était opprimée. Ensuite, la Chine est devenue le démon asiatique qui détruisait des pans entiers de l'économie occidentale, au profit du montage d'usines sur son territoire. Et depuis quelques années, la presse avait complètement changé de discours, glorifiant le miracle économique : la Chine était devenue mode. Deci delà, on voyait sporadiquement éclore et disparaître une dépêche dénonçant le non-respect des droits de l'Homme, les trafics divers, ou la contrefaçon. Mais globalement, la presse internationale se félicitait du succès exponentiel chinois. Les émeutes tibétaines et l'approche des jeux ont réveillé de vieux démons.


   

L'avis de la France me touche particulièrement, et on a assisté à des dérapages superbes et loufoques avant et après ces évènements. Prouvant ma démarche non partisane, j'en citerais deux, politiquement opposés : tout d'abord, Ségolène Royal, qui, dans un grand coup de pub préélectoral, est passée en Chine l'an dernier. S'inclinant comme tous devant le géant éveillé, elle avait osé déclarer que "la justice française ferait bien de s'inspirer de la justice chinoise". Je ne sais pas si c'est de l'ignorance, de la naïveté, ou l'opium, mais si elle avait tenu ces propos il y a dix ans, elle aurait immédiatement été fustigée. Etonnement, ses dires sont passés comme une lettre à la poste dans les médias, qui ont préféré retenir son néologisme démago de "bravitude", qui ne veut rien dire, mais qui fait cool. Tout le monde avait semble-t-il oublié que la justice en Chine est une vue de l'esprit : le pays s'enorgueillit du plus funeste palmarès de condamnations à mort, et les jugements rendus sont expéditifs et arbitraires. Républicaine et pourtant Royal, Ségolène aurait du prendre de l'altitude plutôt que de la bravitude avant de proférer de telles abominations : la théine a du lui monter au crâne.

 

Le deuxième dérapage est celui de Nicolas Sarkozy, venu en Chine après son élection pour serrer la main à son homologue ocre, et lui faire sortir son portefeuille. En V.R.P. et V.I.P., il a rapporté dans ses bagages des commandes colossales pour les industries européennes, d'un montant de vingt milliards d'euros. Et quand les évènements du Tibet se sont déroulés, le fondement entre deux sièges, il a eu bien du mal à prendre position, par peur de l'influence que cela pourrait avoir sur le chiffre d'affaires communautaire. La condamnation à peine suggérée de l'Europe en est le reflet parfait : ses gouvernants "ont appelé Pékin à la retenue", pendant qu'on tirait à balle réelle sur les citoyens : bâton merdeux. Sarkozy, face aux pressions populaires, après avoir fais la sourde oreille, avec la maestria qui l'a boulonné sur son trône, a déclaré : "si il y a reprise de dialogue avec le Dalaï Lama, j'irais à la cérémonie d'ouverture". De qui se moque-t-on ? Qui, en Occident comme en Chine, peut croire que les autorités chinoises ont fait durer cette situation ? Dans les semaines qui ont suivi, le Tibet a été purgé, avec une violence froide et rapide : à l'ouverture des jeux, elle ne sera plus qu'un souvenir, tout en restant sous surveillance. Et comme dans les médias, on ne parle plus du Tibet, Sarkozy peut se permettre de confirmer qu'il sera dans les tribunes lors de la cérémonie d'ouverture.

 

D'une Chine encensée, on est repassé à une Chine diabolisée, sans pouvoir plus la dénoncer d'état à état, au su des enjeux économiques internationaux. Economiquement, on ne peut plus vivre sans, et humainement, il va falloir faire avec.



 

Même si les réactions du peuple occidental, descendant dans la rue, tentant de souffler le feu olympique, sont fondées dès lors qu'une armée tue des civils, se fait-elle pour autant en connaissance de cause ? De ce que j'ai pu voir sur Internet, de nombreux partisans affichaient des banderoles "Tibet libre", dénonçant le manque d'indépendance du Pays des Neiges, alors que, si on pose la question aux intéressés, ceux-ci la revendiquent peu. Ce qu'ils souhaitent simplement, c'est exprimer leur culture et leur religion. Si on doit proclamer l'indépendance d'un territoire sous prétexte que quelques uns souhaitent l'autonomie, les français vont devoir penser à se défaire de la Corse.


Voir la façon dont le passage chaotique de la flamme à Paris a été relayé dans les médias chinois avait de quoi étonner. Sachant que l'information est contrôlée, CCTV, la chaîne d'état, dévoilait quelques manifestants, mais s'est surtout fait fort d'interviewer des français portant un drapeau chinois, et qui répétaient qu'ils fêtaient les jeux, et que le reste ils s'en foutaient : le Tibet, ça regarde le gouvernement.


Pour dénoncer les manifestations, la chaîne a aussi canonisée Jin Jing, escrimeuse chinoise et handicapée, qui portait la flamme, et avait été chahutée par les contestataires. Rapidement, la petite Jin Jing est devenue une héroïne nationale, et l'ambassadeur français en Chine l'a visité, lui proclamant ses excuses et son soutien, histoire de désamorcer une bombe qui, de toutes façons, avait déjà explosé.

 

Et quand la flamme à été allumée en Grèce, ça a été le black-out : un montage en différé a effacé purement et simplement la tentative de perturbation des gens de Reporters Sans Frontières. Les chinois ne savent pas que c'est arrivé !

 

Ces manifestations européennes répondent à un besoin historique de défendre la liberté, sans faire le moindre calcul économique. J'approuve cette démarche spontanée, trop triste que je suis de savoir ce qui se déroule au Tibet. Mais d'une part, celles-ci ont eu lieu dans une méconnaissance culturelle du problème. Et d'autre part, elles positionnent délicatement les gouvernants occidentaux, entre leurs concepts démocratiques fondateurs, et la réalité économique mondiale, où la Chine est inévitable : dilemme.


 
  

4°/ Vendetta à la chinoise :

 

Le patriotisme est une valeur fondamentale chez les chinois, alors qu'en Europe, le concept est pour ainsi dire suranné. Il faut dire que la démagogie girouettienne et électoraliste de nos politiques n'incite pas à la ferveur nationale. Et c'est un euphémisme.

 

On est fier d'être chinois, et on le montre. J'étais à Pékin en mai dernier, et y ai croisé plusieurs locaux qui arboraient un tee shirt indiquant, en anglais que "le Tibet fera toujours partie de la Chine". Il s'agissait de jeunes ayant certainement fait des études, et qui souhaitaient montrer leur soutien et leur foi en des valeurs nationales. Tout ceci est ici normal, puisque les chinois considèrent le Tibet comme partie intégrante du territoire, que l'unité nationale, pour faire de la Chine le plus grand pays du monde, est un impératif, et que l'atteinte de cet objectif passe par la pacification : tout le monde doit aller dans le même sens, et il est logique d'éliminer ceux qui obstruent l'effort collectif.

 







La cohésion populaire chinoise n'a jamais autant culminé qu'après le relais accidenté de la torche à Paris. Les forums recensaient autant de commentaires dénonçant la capacité de l'Occident à se mêler de problèmes intérieurs à la Chine, sa manipulation de l'information, ou son désir violent de saper les jeux, évènement dont la Chine entière s'enorgueillit. Pour ce qui est de la manipulation de l'information, même si elle existe en Occident, les chinois n'ont de leçon à donner à personne. C'est à se demander parfois si ils sont dupes... Au même titre que je reste étonné de la duperie française à croire en la véracité de nos médias.







 





Aussi, on a vu fleurir sur MSN, logiciel de messagerie très largement utilisé ici, des petits coeurs avec la mention "I love China" autour des pseudonymes : les chatteurs chinois exprimaient ainsi leur amour pour le pays. N'étant pas spécialement patriote, j'aurais préféré y lire "One world, one dream", le leitmotiv de jeux, qui me parait plus universel, plus fraternel, et moins partisan. Je ne suis pas théoricien du complot, mais j'avoue m'être interrogé : cette mode des petits coeurs, au su de son ampleur, s'agissait-il d'une manipulation, ou d'un acte isolé ayant connu un embrasement national ?


La situation commençait à devenir palpable, et pas uniquement sur la toile. Dans la rue, les voitures arboraient des petits drapeaux chinois aux rétroviseurs. Même si il arrivait de voir cela auparavant, ou bien des autocollants sur les portières présentant le même drapeau, cette mode ne s'était jamais autant répandue qu'après le chaos parisien.

 

La prochaine étape des patriotes chinois a été de s'attaquer aux intérêts français en Chine. Et ils ont pensé directement à Carrefour, très présent sur le territoire. On a entendu des rumeurs de soutien financier au régime de Darhamsala en provenance du directoire du groupe, avérées ou non. Des manifestations ont eu lieu devant les magasins, et à ma connaissance, la plupart se sont déroulées dans la paix. A Wuhan uniquement, des drapeaux français ont été maculés de croix gammées, identifiant publiquement Jeanne D’Arc comme étant une prostituée. Des messages, par email ou SMS, invitaient les consommateurs à boycotter Carrefour, avec une échéance particulière au premier mai. Le résultat, c'est que faire ses courses était devenu un plaisir : des rayons désertés, et des files d'attente aux caisses inexistantes. Quelques manifestations sporadiques ont eu lieu aussi devant l'ambassade de France à Pékin, mais c'est à peu près tout.

 

A un niveau plus douloureux, sans que l'information n'ait vraiment été officielle, la France a été effacée des destinations touristiques proposées par les agences de voyage chinoises. L'Elysée a fait la moue, sans plus, et on n'en a plus entendu parler. Sept cent mille touristes chinois étaient tout de même attendus cette année en France.


 

5°/ L'expat parano :

 

Dès lors, la plupart des français en Chine s'accordaient à ne pas apprécier la tournure des évènements. Car auparavant, être français était bien vu. Nous avions bénéficié des années croisées France - Chine, et aussi d'une politique commune quant à la non-intervention en Irak. La France restait la contrée du romantisme, de l'art, de la haute couture, et des cosmétiques. Bref, nous étions les meilleurs amis du monde, et tout venait de s'effondrer.

 

Certains cédèrent à la paranoïa, avec des craintes quant à leur visa, voire à leur sécurité. De manière générale, les médias français ont relaté une réalité complètement différente du quotidien authentique d'un français en Chine. Et il est clair que si on se contentait de croire ce qui y était écrit, on ne sortait plus de chez soi ! Le moindre petit incident, aussi anecdotique fut-il, était monté en épingle de manière délirante : c'est l'évènementiel qui fait vendre, et sans évènement, il n'y a pas d'information.

 

On a vu par exemple se répandre sur Internet les clichés d'un taxi chinois, à l'arrière duquel était écrit en chinois et en anglais : "interdit aux chiens et aux français". Le Web s'est enflammé, faisant de ce cas isolé une généralité nationale. Personnellement, je n'ai pas plus de difficultés à trouver un taxi depuis les évènements. Et les chauffeurs ne m’ont jamais fais descendre de leur véhicule, lorsque je répondais que j’étais français à leur invariable interrogation sur mon pays d’origine.










La seule fois où j'ai été confronté à ce boycott à la chinoise remonte à quelques jours seulement. Dans le cadre de mon travail, j'avais envoyé un email à une usine, souhaitant obtenir des informations sur des produits qui intéressaient un client. En retour, j'ai reçu une réponse polie, m'indiquant simplement : "désolé, mais vous êtes français, et pour des raisons que tout le monde connaît, nous nous interdisons de travailler avec des français. Bonne journée". Voilà. Fin de l'histoire. J'ai été un peu surpris, car c'est la première fois que ça m'arrivait. Il serait facile de monter cette histoire au pilori, dès lors qu'on ne sait pas que des usines chinoises, j'en contacte des centaines par semaine.








Malgré tout, il faut l'admettre, même si il ne s'agit que d'un bref échange d'emails, qui ne prête à aucune conséquence, j'en suis ressorti avec un sentiment de malaise. C'est très dur d'avoir choisi de vivre dans un pays, de l'aimer, et pourtant de s'y sentir parfois toléré... Particulièrement dès lors qu'on a aucune responsabilité et prise sur les évènements. Au même titre qu'au quinze mars, c'était dur de continuer à aimer la Chine, de ne pas diaboliser l'intégralité de sa population dans un racisme manichéen, connaissant ce qui avait commencé à se dérouler, dans le sang, la veille, au Tibet.

 

Même si il n'y a pas eu de panique de la part de la diaspora française en Chine, il y a tout de même, depuis ces évènements, une volonté de déambuler profil bas et de se faire remarquer le moins possible. Ici, la police a tous les pouvoirs, et en cas de problème, si elle décide de vous créer des ennuis, vous n'aurez qu'à vous soumettre.

 

Dans le même quartier de Hutong à Pékin où je m'étais rendu en mai, il y a un restaurant tibétain, où j'ai d'ailleurs fais des découvertes gastronomiques toutes aussi étonnantes que merveilleuses. Les incidents parisiens remontant à quelques semaines, quand la serveuse tibétaine a appris que j'étais français, j'ai eu droit à un traitement de faveur empli de reconnaissance, alors que je n'y étais pour rien : je n'étais pas en France lors du passage de la torche, et si j'y avais été, je ne serais pas allé manifester. A l'occasion de ce dîner tibéto pékinois, je n'ai rien eu contre : mon appartenance française m'a valu la gratuité de quelques mets, et des sourires exubérants de gratitude de la part d'une serveuse rayonnante : la situation n'a pas généré que des inconvénients !

 

6°/ One country, one nightmare :

 

Ce besoin de se faire tout petit quand on est étranger en Chine est récent. Il a été entériné par une politique d'écrémage du nombre d'expatriés : c'est une première ici. Car en vue des jeux olympiques, les autorités chinoises ont souhaité faire le ménage. Ca aussi, on l'a peu relayé dans les médias occidentaux. Car relater qu'avant les jeux olympiques, les chinois renvoient les étrangers chez eux, c'est faire mauvaise presse. Le prix des visas est devenu exorbitant, et leur obtention bien moins automatique. Depuis quelques mois, on ne peut plus passer la frontière à Hong Kong pour se refaire un visa business de six mois : il faut obligatoirement rentrer dans son pays. Depuis juillet, il n'est plus possible du tout d'obtenir un visa business, où que ce soit en Occident. Il faut savoir que nombreux étaient les étrangers vivant en Chine depuis des années, sans permis de résidence : ils n'avaient qu'à descendre tous les six mois à Hong Kong pour se refaire un visa business qu'on leur accordait automatiquement. Rester ad vitam eternaem sur le territoire chinois n'avait jamais posé le moindre problème.

 


Certes, les lois concernant l'immigration existaient, mais elles n'étaient jamais appliquées. Elles le sont depuis, et ont été aménagées pour être encore plus drastiques. Certes aussi, depuis trois ans, le nombre d'immigrants occidentaux a explosé. Certes encore une fois, la moyenne d'âge s'est très sensiblement rajeunie, et on a vu débarquer nombre d'européens en échec professionnel dans leur pays, qui n'avaient rien à perdre, venant ici se confronter à l'eldorado potentiel. Et certes pour finir, beaucoup d'étrangers croyaient bénéficier d'une impunité, ne vivant plus chez eux, leurs valeurs et leurs règles ne s'appliquant plus dans ce nouvel environnement.

 

Et depuis quelques mois, toutes les semaines, on serre définitivement la main d'expatriés qui n'ont plus d'autre choix que de rentrer dans leur pays. Systématiquement, la raison de leur retour est la même : un visa qui ne peut être reconduit. Alors c'est eux qui le sont, mais à la frontière. Les bars et restaurants fréquentés par les étrangers se désertifient, et quand on demande des nouvelles d'untel, s'étonnant de ne pas l'avoir croisé depuis un bail, on apprend qu'il a du quitter le territoire.

 











Même obtenir un visa touristique durant la période des jeux renvoie à Kafka. Et il a bien été spécifié par les autorités que disposer d'un billet pour ces jeux n'impliquait pas l'obtention d'un visa... Alors qu'au préalable, celle-ci était plus qu'aisée. La Chine justifie aussi tout cela par peur du terrorisme. Il ne faut pas comprendre par "terrorisme" l'arrivée massive de barbus explosifs, mais plutôt celle d'Amnesty International... Même si le terrorisme existe en Chine, ce n’est certainement pas la plus grande crainte de l’état. Il ne faut pas de perturbation. Il faut l'harmonie. Bienvenue au Village.







 

On a assisté aussi à une intervention policière musclée dans le quartier des expatriés à Pékin, il y a peut-être deux mois maintenant. Sur le fond, celle-ci était complètement justifiée, car il était de notoriété publique qu'un trafic de drogue y sévissait, à proximité du lycée français, dirigé par des étrangers. Sur la forme par contre, elle reste condamnable, car les arrestations ont été violentes, et les français arrêtés, même si ils n'avaient rien à voir avec le trafic en question, ont été victimes d'humiliation au commissariat. Ce genre d'interpellations d'étrangers n'étaient jamais arrivée, et il ne faut pas se leurrer : c'est arrivé à San Li Tun, quartier réputé où siègent les ambassades ; le reality show de l'évènement a été diffusé sur les chaînes de télé, comme orchestré ; et il est clair que cela fait partie d'une politique d'intimidation, pour mettre en garde les étrangers.


Au rang des rumeurs, un de mes amis m'a rapporté qu'une de ses connaissances rentrait récemment d'un voyage à Pékin, et ce qu'il y avait vu l'avait estomaqué : présence policière et militaire totale, armement lourd disposé aux endroits stratégiques de la ville, et, paraîtrait-il, des hôtels qui accusent une baisse de fréquentation, durant la période des jeux, de l'ordre de 40%. Que ces rumeurs soient véridiques ou non n'a pas grande importance. Ce qui est important, c'est que si elles ne sont pas authentiques, elles donnent une idée précise de l'angoisse ambiante.

 

La crainte comme la sécurité s'incrémentent, et même si le Tibet a apporté une justification à la politique sécuritaire chinoise, tout ceci était prévu de longue date dans le cadre de l'organisation des jeux. Et ce qu'on se limite à relater dans les médias occidentaux, ce sont les règles d'accueil aux étrangers : ne pas cracher dans la rue, etc... Car c'est folklorique, et montre les efforts, réels, mis en place.

 

Les jeux olympiques sont un évènement international célébrant l'amitié entre les peuples et les cultures... Mais les chinois ont envie de les fêter entre eux !


 

7°/ Pour ou contre les jeux ?

 

Au préalable des émeutes de Lhassa, j'étais un fervent défenseur des jeux olympiques à Pékin. Le pays s'est enlisé dans une pauvreté inconcevable, et les chinois s'en sortent à force d'un travail acharné, tout aussi inconcevable depuis l'Occident. Ces jeux, c'était une reconnaissance de leurs efforts colossaux, afin de les stimuler pour l'avenir, et de les rapprocher du reste du monde, auquel ils ne se sont ouverts que récemment. Pour moi, ces jeux, ils ne les avaient pas volés.

 

Quelques mois plus tard, mon sentiment est beaucoup plus réservé.

 

J'en ai marre de me taire, vit dans un environnement essentiellement chinois, où il est impossible d'en parler. Je ne vois aucun de mes compatriotes bloggueurs monter au front, préférant évoquer des sujets ne prêtant pas à conséquence. Vivre à l'étranger, ce n'est pas uniquement profiter de l'exotisme. C'est aussi appréhender une situation politique, sociale, économique, historique, culturelle. On ne peut pas y prendre uniquement ce qu'on aime, et rejeter le reste : c'est un lot, un tout, avec lequel on se doit de vivre au quotidien, ou rentrer. J'ai fais le choix de rester, mais pas celui de la fermer.

 

Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?

NdA : Je n'ai pas pu joindre de photos du Pays des Neiges, n'ayant jusqu'ici jamais eu la chance de m'y rendre. J'en ai profité pour saupoudrer l'article de clichés pris durant les intempéries extrêmes que nous avons connu ici cet hiver. Les chinois n'avaient pas vécu une telle rudesse depuis un demi-siècle, et certains d'entre eux, particulièrement superstitieux, y ont vu le démarrage d'un enchainement malchanceux, dont le dernier évènement en date est le terrible séisme du Sichuan. Les plus forcenés vont jusqu'à y voir une issue fatale pour les jeux olympiques.

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commentaires

J
<br /> Bonjour Christophe,<br />  <br /> Il existe une autre vidéo récente d'Envoyé spécial.<br />  <br /> Le Dalai Lama a été pris dans l'engrenage de la CIA – contre son gré,<br /> il raconte lui-même cet épisode (écoutez bien à la minute 23:30 de la video)<br />  <br /> Envoyé spécial: Sur les traces du Dalaï Lama<br /> http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage&id_rubrique=605<br />  <br /> J'espère que tu vas bien,<br />  <br /> Johann<br />
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C
<br /> Bonjour Johann,<br /> J'espère que tu te portes bien.<br /> Et bien, merci de ces précisions complémentaires !<br /> Amicalement.<br /> <br /> <br />
J
 <br /> Bonjour Christophe,<br />  <br /> Comment vas-tu ? je viens d'écrire ceci sur YouTube, et j'ai donc pensé à revenir ici !<br /> Tibet was a sacred buddhist land and as such has always been respected since the epic with the Mongols' hordes.In the mid 1940's the Americans sent the OSS to infiltrate, arm and train pacifist buddhist monks into cowboys, and the result was a massacre and occupation since 1950. The American Dream has always been a dire nightmare to all, and the so-called freedom and democracy of the US "Prison Nation" kill by exporting its criminality and by bombing innocents around the world.Amen.<br /> Je tiens à exprimer mon mea culpa d'avoir laissé planer un doute, car les documents que j'ai fournis en liens, étant en anglais, ne sont sans doute pas accessibles à tous les visiteurs uniquement francophones qui fréquentent le blog de Christophe.<br />  <br /> Pour résumer, le Tibet étant une terre sacrée du bouddhisme et respectée en tant que telle depuis la grande épopée des Mongols, il ne s'y passait rien, jusque vers le milieu des années 1940's. La Chine était encore guerre civile, et l'OSS (Office of Strategic Services) l'ancêtre de la CIA, par l'entremise du frère du Dalaï Lama, s'est infiltrée parmi les bonzes, leur a mis des idées dans la tête et des armes dans les mains.<br />  <br /> Armer et entraîner des bonzes bouddhistes et pacifistes à la guerre, il fallait vraiment le faire, les Américains l'ont fait. C'est comme dans le Far West, mettez un Colt dans les mains d'un enfant, et vous pouvez être sûr qu'à la première occasion, il va se faire sauter la tête par le premier cowboy venu !<br />  <br /> Donc, en 1949, après avoir chassé l'armée des nationalistes à Formose (Taiwan), l'armée rouge de Mao Zedong est montée à l'assaut du Tibet l'année suivante, et il s'ensuivit ce que l'on sait : un vrai massacre dont nous avons des extraits de films tourné par les Chinois. Après ce massacre, les bonzes ont déposé les armes, et les Chinois squattent ce pays depuis 1950.<br />  <br /> Les émeutes de mars 2008, si vous avez regardé la vidéo d'Envoyé Spécial, ont été menées par des Tibétains venus des villages extérieurs à Lhassa. Des jeunes Tibétains ont cassé et mis le feu aux magasins, on s'est révolté pour profiter de l'attention sur les J.O. de Pékin pour remettre d'actualité le cas de l'occupation du Tibet.<br />  <br /> Etait-ce une action concertée et menée avec des éléments de la CIA en sous-mains ? Les autorités chinoises le pensent et accusent les Etats Unis d'ingérence dans leurs affaires. Les policiers chinois qui étaient infiltrés chez les bonzes ont filmé les émeutes de l'intérieur et de l'extérieur du mouvement. Des civils chinois sont morts dans les émeutes et les incendies, c'est ce qui a été montré à la télévision publique en Chine (CCTV), d'où le soutien très fort de toute la population Han "de base" pour l'action de leur police et de l'armée.<br />  <br /> Les médias occidentaux, tel qu'il a été démontré par les extraits de la deuxième vidéo que j'ai donnée en lien, se sont avérés d'une connivence que je qualifierais de parfaitement imbécile, surtout que le Washington Post, CNN, la BBC et de nombreux journaux allemands (Bild Zeitung, RTL Aktuell, Berlin Morgen Post et Der Spiegel) ont allégrement déformé l'actualité pour soutenir l'idée du boycott des Jeux. N'ayant pas accès à Lhassa, ils n'ont pas hésité à utiliser des images des anciens conflits au Népal, à Katmandou, ont fait des photos-montages et les ont publiés avec les articles sur le Tibet, où l'on voit des bonzes (et même le Dalaï Lama !) fuyant au milieu de militaires et de "policiers chinois" - mais, manque de pot – et manque de professionnalisme évident – les uniformes sont des uniformes népalais, pas chinois !<br />  <br /> Donc, ignorance, imbécilité et connivence de journalistes idiots, qui ont délibérément induit leur lectorat en erreur. Les médias français sont plus mitigés, mais n'ont pas semblé tenir tant que ça à démontrer les supercheries et les manipulations de leurs confrères anglo-saxons : j'étais dans les forums, et plusieurs journaux français en ligne ont bloqué sur leurs forums les tentatives de mise au point de Sino-Français de la région parisienne qui avaient regardé les émissions des chaînes de CCTV sur satellite et sur Free ADSL TV.<br />  <br /> Je suis abonné chez Free depuis dix ans ! j'ai donc les chaînes chinoises, néanmoins je n'ai que très peu regardé les J.O. (mais j'ai regardé le passionnant marathon féminin qui a duré plus de deux heures et demie).<br />  <br /> Immédiatement pendant l'ouverture des J.O., il y a eu l'invasion de l'Ossétie du Sud et les massacres de civils par les Géorgiens armés et manipulés par Israël et les Etats Unis, suivis aussitôt de l'intervention musclée de la Russie – les images de guerre ont donc presque occulté les J.O. !<br />  <br /> <br /> Pour terminer, il faut savoir qu'après les excès de la Révolution culturelle maoïste, les Chinois depuis Deng Xiao Ping sont revenus à la pensée confucéenne d'une société ordonnée et harmonieuse mais hiérarchisée, aussi, beaucoup parmi les Chinois cultivés soutiennent l'idée du respect d'une certaine autonomie au Tibet. L'encerclement opéré par les USA sous G. W. Bush ont provoqué la fermeté du gouvernement central chinois vis-à-vis des actions du Dalaï Lama à l'étranger. Résultat des opérations : renforcement de la présence militaire et des mouvements de populations chinoises au Tibet !<br />  <br /> Voilà, bonne semaine à tous, et bien amicalement,<br />  <br /> Johann<br />
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C
<br /> <br /> Bonjour Johann,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'espère que tu vas bien. Ton commentaire apporte de l'eau à mon moulin en ce qui concerne les manipulations médiatiques. Quand je repasse en<br /> France, certains se font les porte étendards de l'info libre, et montrent du doigt virullement le contrôle total exercé par le gouvernement chinois sur ses médias. C'est un constat,<br /> totalement condamnable, que je réprouve intégralement, et qui me met dans un rogne dévastatrice, quand je vois que les chinois prennent la propagande pour de l'information directement<br /> digestible.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Par contre, les occidentaux ont une facilité déconcertante à croire que leurs médias sont exempts d'une forme quelconque de censure ou<br /> d'orientation. Pourtant, c'est tout aussi monnaie courante qu'en Chine, et je m'en rends particulièrement compte en vivant ici : je lis régulièrement des articles publiés sur des grands sites<br /> d'information français, qui modélisent complètement les faits, se limitant à une analyse manichéenne et complètement fausse de la réalité chinoise. Ca me hérisse le poil, et ça me le hérisse<br /> d'autant plus de voir que les français ne se rendent pas compte qu'on les manipule... Alors qu'ils revendiquent leur liberté. Et quand je souhaite poster un commentaire, étonnement, celui-ci<br /> n'est jamais publié.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> Plus directement concernant les médias, il y a quelques semaines, je regardais un reportage américain qui<br /> s'appelle "War made easy". Le documentaire raconte comment l'administration Bush a manipulé l'opinion publique pour justifier la guerre en Irak (les soit-disant "armes de destruction massives",<br /> complètement inventées), et explique aussi comment le Vietnam avait été justifié de la même façon (la soit-disant crise dans le Golfe du Tonkin, pure invention aussi). Ca donne froid dans le<br /> dos, et ce sont toujours les mêmes supercheries qui sont utilisées par le pouvoir. Et dans le même reportage, on montrait la partialité totale des médias américains : les journalistes<br /> anti-guerre ont été purement et simplement virés pour manque de patriotisme, et tous les groupes de presse sont partis du principe que, qu'on soit d'accord ou non, il fallait soutenir la<br /> politique du gouvernement en la matière, car le pays était en guerre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> La semaine dernière, Sarkozy rassurait les entrepreneurs concernant la crise financière... Et en réalité, il en est tout autre. Un de mes clients<br /> m'a appelé il y a deux jours. Sa boite existe depuis vingt ans, emploie une quinzaine de personnes, et rapporte de l'argent. Fort de son développement et de la rentabilité de son activité, il a,<br /> cette année, démarré l'export. Cela a représenté un investissement qui s'avèrera rentable à moyen terme. Mais cet investissement a diminué d'autant sa trésorerie et ses lignes de crédit.<br /> Même si ses chiffres sont très bons, les banques lui ont subitement refusé ses lignes de crédit habituelles du fait de la crise. Le résultat, c'est que ses clients attendent des produits, passent<br /> des commandes... Mais il ne peut pas les livrer, n'ayant plus la tréso et les lignes de crédit nécessaires pour acheter de la marchandise. Malgré le fait que sa société fonctionne bien, si il ne<br /> trouve pas rapidement un investisseur, il sera obligé de mettre la clé sous la porte, et de licencier son personnel. Et Sarkozy continue de passer à la télé pour rassurer les<br /> entreprises...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ne croyons pas tout ce qu'on nous dit. Et dès lors qu'on nous annonce une info,<br /> recoupons-la, et tentons de comprendre où se trouve la vérité. Le simplisme n'existe pas, et la vérité n'est certainement pas dans les médias. Amicalement. A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonjour Christophe,<br />  <br /> Je sais maintenant pourquoi je me suis "posé" chez toi, sur ton blog. C'est le seul qui traite longuement les sujets, et qui pose beaucoup d'interrogations complexes. Et chez les expat's, en plus des préoccupations liées au travail dans le pays étranger, souvent les sujets se limitent aux chichis de la vie courante et aux interrogations pratiques, puis aux bons et et mauvais moments, et ces petits soucis et ces tracas sont exprimés avec plus ou moins d'humour ou de drôlerie, moins souvent avec philosophie et raison.<br />  <br /> J'aime bien aussi que les sujets trouvent leur suite, afin que l'on puisse y revenir, et savoir comment les choses ont évolué ? Concernant la situation au Tibet, j'ai donc continué à suivre et à chercher plus loin. Voici quelques résultats de mes investigations, et dont je vous livre l'essentiel.<br /> <br /> Une vidéo de l'émission "Envoyé spécial" au Tibet sur France 2 qui a été tournée récemment (pendant les JO) et diffusée à l'antenne la semaine passée en France. Elle est intitulée "J'ai 20 ans et je vis à Lhassa" : http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage&id_rubrique=566 <br /> Des vidéos sur YouTube, postées par ceux qui prennent la défense des Chinois et des autorités chinoises  dans la gestion de ces émeutes, et qui dénoncent les partis pris des médias occidentaux, de même que leurs manipulations. Ça s'intitule "Riot in Tibet: True face of western media" (c'est en anglais, mais même sans parler cette langue on peut comprendre ces images) :http://fr.youtube.com/watch?v=uSQnK5FcKas <br /> Des pages de blogs qui ont suivi de près les événements, des émeutes de Lhassa au premier séisme au Sichuan le 12 mai 2008, continuant avec les réactions diverses lors du passage de la flamme olympique dans les pays. Navré que ces blogs soient américains (et donc en anglais)http://chinaview.wordpress.com/category/social/incident/protest/<br /> <br /> Bon voilà. La vie a donc repris à Lhassa, j'ai lu que le gouvernement chinois a aussi décidé d'envoyer un million et demi de Chinois supplémentaires —  entendez par là des "Han", qui seront aidés financièrement pour s'installer et "pour développer davantage" cette région et "y apporter plus de richesses" pour "la population". La politique du "noyage dans la masse" peut marcher, et un jour  les Tibétains s'embourgeoiseront et se mettront eux aussi à défendre leurs acquis, comme en France et ailleurs sans doute.<br />  <br /> Johann
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C
<br /> <br /> Bonjour Johann,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'espère que tu te portes bien. Nous étions en vacances nationales en Chine, et cela fait quelques jours que je n'avais plus touché à mes<br /> emails... Avec un certain bien-être, je dois le dire, car même si j'ai continué à travailloter, j'ai surtout pris du recul par rapport au boulot. Ca fait un bien fou, tant pour reprendre le<br /> travail avec plaisir, que pour réfléchir à la pérennité de celui-ci. Une petite sortie exotique d'un à deux jours avec ma douce et tendre n'aurait pas été de trop, mais j'ai préféré plancher sur<br /> le montage d'un reportage amateur sur lequel je bosse depuis un an, dont les premiers rushs remontent à trois ans, et que j'espère bien aboutir un jour. Mais comme je prends plaisir à faire les<br /> choses le plus correctement possible, cela me prend un temps fou !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce matin, quel bonheur de découvrir que tu as laissé à nouveau des commentaires. Comme tu le sais, j'apprécie particulièrement le relationnel<br /> actif que génère le blog, et les commentaires, même si ils ne sont hélas pas légion, sont tout autant une fin en soi que les articles, permettant d'élargir les discussions, de partager<br /> les expériences, et de confronter les points de vue avec courtoisie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu as très bien compris la démarche du blog. Je suis très loin de publier régulièrement, mais ce n'est pas le but principal. Quand je<br /> traîte d'un sujet, je tente d'aller jusqu'au bout, essayant de ne rien omettre. C'est la raison pour laquelle les articles sont longs : je ne les écris pas d'une traîte, mais reviens souvent<br /> dessus pour les enrichir, questionnant mon environnement pour approfondir, pour ne les publier que dès lors que j'ai le sentiment d'avoir fais le tour de la question. Pour te donner une<br /> idée, j'ai actuellement sept articles en attente, dont la moitié est publiable : pourtant, je préfère patienter, n'ayant pas le sentiment d'être complet. L'an dernier, j'avais tenté l'expérience<br /> de rédaction d'articles très courts, sur des anecdotes, pour finalement réaliser que cette orientation minimaliste et un chouia racoleuse ne me correspondait pas. Je préfère ralier un moindre<br /> lectorat, mais que celui-ci, à la lecture d'un article, puisse trouver une réponse détaillée aux interrogations qu'il pourrait se poser sur la thématique. Par contre, ces articles ont valeur de<br /> témoignage, et aucunement de vérité : je ne pompe rien, le contenu est entièrement original, et ne fait part que d'une analyse personnelle, à travers l'expérimentation de mon quotidien en Chine.<br /> Mon analyse est souvent discutable, mais elle n'en reste pas moins authentique : pomper les informations du net n'aurait aucun intérêt. C'est au contraire le rôle des commentaires de<br /> nuancer les articles. Et l'objectif, au-delà d'ouvrir un débat, ou d'alimenter une part d'exotisme, reste de faire ressentir les impressions d'un expatrié en Chine, à travers sa compréhension des<br /> choses.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est du Tibet, je tenterais de me connecter au reportage d'Envoyé Spécial dans la semaine, car le thème me parait très intéressant, et<br /> me permettrait certainement d'en comprendre plus sur le sujet. Les témoignages des expatriés à Lhassa sont hélas rares sur le net, et c'est pourtant une source d'analyse qui serait bien<br /> intéressante à lire. Par ailleurs, la démarche du gouvernement chinois, en envoyant plus de Hans sur le territoire tibétain, prouve une fois de plus leur finalité : annihiler une culture en la<br /> rendant anecdotique. Même si il n'y a pas de violence physique dans cette invasion sournoise, le pire est à craindre : c'est ni plus ni moins une éradication culturelle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Amicalement. A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonjour Christophe,<br />  <br /> J'avais déjà lu ce log, mais je ne savais pas comment réagir, bien que j'interviens souvent sur YouTube et dans les forums en anglais.<br />  <br /> Tu as bien du cran de parler d'un problème aussi grave, en résidant dans le pays. D'autant que personne n'y peut rien. Personne ne peut rien faire dès le moment où il y a incapacité et même connivence politique au niveau de tous nos gouvernements. En France, ni Nicolas Sarkozy, ni encore moins Bernard Kouchner ou Rama Yade (Droits de l'homme) n'osera l'ouvrir sur un tel sujet !<br />  <br /> Personne ne l'ouvrira non plus pour dénoncer les dizaines de milliers de civils, femmes et enfants, et vieux, morts déchiquetés sous les frappes "chirurgicales" de l'OTAN depuis l'invasion de l'Afghanistan pour chasser les talibans : dès fin novembre 2001, 5000 civils avaient péri, ça continue tous les jours depuis, et c'est la connivence totale, dans toutes les "démocraties".<br />  <br /> <br /> Au même titre que les autres ethnies en Chine, les Tibétains ont toujours fait partie du "monde chinois" - sans être des Han chinois. Bien sûr on fera valoir qu' "ils sont des Chinois comme les autres", mais la majorité des Han les considèrent comme des étrangers, et au moindre incident, il y a un phénomène de meute, et la répression militaire et civile est immédiate. Les Tibétains ne recouvreront jamais leur indépendance. C'est sans espoir, et le Dalaï Lama le sait, il ne demande plus pour son peuple qu'un espace minimum pour la préservation de leur culture ancestrale, et ce n'est pas gagné.<br /> <br />  <br /> Si nos gouvernements ne font rien, ne veulent ou ne peuvent rien faire, alors nous, qu'y pourrons-nous ?
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C
<br /> <br /> Bonjour Johann,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je te remercie de ton intérêt récurrent pour le blog, et aussi de ton commentaire, intéressant à bien des égards, et qui mérite un développement<br /> auquel je vais tenter de procéder.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il faut grandement relativiser mon courage : tous les blogs hébergés sous over-blog sont censurés en Chine depuis janvier dernier, et ne<br /> constituent donc plus une "vitrine de subversion" immédiate pour les internautes chinois. Par ailleurs, mon blog étant en langue française, et n'atteignant pas le lectorat record des sites<br /> d'informations internationaux, le danger doit être bien limité !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Dire que j'ignore la peur serait de l'arrogance, car ce n'est pas le cas. Je vis en Chine depuis cinq ans, y ait bati mon<br /> couple, ma société, et ma vie : en m'exprimant librement, dans une orientation qui n'est pas celle du pouvoir, je prends le risque, modéré, de tout perdre. Mais je vivrais au moins avec le<br /> sentiment d'avoir fais quelque chose de juste. Malgré mes angoisses pour la fille que j'aime et mon business, je refuse de vivre dans la peur de l'oppression. Me taire sous prétexte que tout<br /> le monde le fait par effroi n'est pas une option : j'y laisserais mon âme, et ne pourrais plus me regarder dans un miroir. Je refuse la pensée<br /> unique, je fustige le manichéisme, m'interroge avec suspicion sur toute analyse prémachée, et propose l'échange comme principe de travail universel pour appréhender les particularités<br /> culturelles. J'ai certes mes idées, qui plaisent ou non, mais suis toujours prêt à en débattre pour moi aussi évoluer.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme tu le précises, le Tibet n'est qu'une ligne sur une longue liste d'exactions internationales, dont les occidentaux sont loin d'être<br /> exempts. Et ce sont toujours, dans ces abominations, les civils les plus démunis qui souffrent. Celà me dégoûte autant pour le Tibet que cela me débecte pour le Rwanda, le Darfour, l'Afghanistan,<br /> la Birmanie, l'Irak, et bien d'autres. Certes, je me sens particulièrement atteint aux tripes par la problématique tibétaine, car j'aime la Chine.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L'objectif de ma dénonciation n'était pas de choisir un camp, et résumer l'histoire entremêlée du Tibet et de la Chine en quelques paragraphes<br /> serait inexcusable. Par contre, ce que je trouve tout aussi indéfendable, c'est que sous un prétexte partisan, en ralliant aveuglément le côté chinois, on accepte que des revendications se<br /> règlent dans le sang en envoyant les chars : l'armée d'un pays n'a pas pour raison d'être l'extermination de ses compatriotes. Tolérer cela, c'est cautionner un pouvoir qui refuse l'opposition,<br /> et les demandes du peuple, quelles soient légitimes ou non. C'est accepter aussi sur le principe que les habitants du globe sont assujettis à des puissants, et que cette quantité infime<br /> d'individus a le droit de vie ou de mort sur le reste du monde. Nos pays n'appartiennent pas à nos politiques, mais à leurs peuples. Ce n'est peut-être qu'un concept, mais vers lequel il nous<br /> appartient à tous de tendre, pour les générations à venir.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et pour finir sur ton interrogation, à savoir si nos gouvernements ne se mouillent pas, que peut-on faire, je te répondrais que nous pouvons tout<br /> faire ! En Occident, les politiques ne courent qu'après une seule chose : un second mandat. Le reste, sur le fond, malgré leurs monologues démagos, les intéresse peu : ils ont tous une apreté au<br /> pouvoir, et veulent marquer l'Histoire, sans problèmes de conscience. Ce système, où des individus se battent pour diriger un pays, nous l'avons créé, et il n'a pas que des aspects<br /> négatifs. Pour autant, en temps que citoyen du monde, c'est à nous qu'il revient de juger ces individus, et de revendiquer notre refus de la façon qui nous parait la plus appropriée. C'est notre<br /> devoir, notre responsabilité, pour le futur. Les manifestations à Paris en sont un bon exemple, même si, à mon sens, le chaos généré à déservi à tous, plutôt que de crédibiliser un sentiment<br /> d'injustice avéré. Des revendications dans la paix et le respect des points de vue, de véritables discussions sur une problématique réelle, et pourtant complètement méconnue et simplifiée à<br /> l'extrême en Occident auraient permis, du moins je me plais à le rêver, de faire comprendre bien plus de choses aux deux camps.<br /> <br /> <br />  <br /> Et dans le cadre de ce que nous nous devons de faire, la première démarche à mon sens et de mettre en doute toutes les informations simplifiées dont le médias, d'où qu'ils soient, nous assènent<br /> en quantité au quotidien, de croiser les avis, et de faire son propre cheminement analytique : et dans la plupart des cas, on réalise aisément que la vérité n'est pas celle qu'on souhaite nous<br /> faire croire... Et c'est tout aussi vrai en France !<br /> <br /> <br /> <br /> Amicalement. A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
T
Quelle neige en plein été ! A propos du Tibet, la Chine a la même politique dans la province sur le Toit du Monde, que les français ont eu dans certaines régions françaises, il y a un siècle. Espérons que l'émergence d'une classe moyen en Chine fasse que le gouvernement chinois s'humanise.
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C
<br /> Bonjour Thierry,<br /> <br /> Comment vas-tu ? Merci de ton commentaire. Nous pourrions disserter longuement sur le concept d'humanité en Chine, et la façon dont celui-ci est ressenti ou appliqué. On se rendrait compte alors<br /> que même si, bien évidemment, celui-ci existe, il prend ici des connotations complètement différentes. Et puis, en Chine, la collectivité prévaut sur l'individu, au même titre que l'harmonie et<br /> l'unité sont plus importantes que l'échelle des souhaits personnels. Et pour cela, c'est une valeur culturelle ancrée, à laquelle la politique du gouvernement ne fait que répondre.<br /> <br /> Autre chose : dis-voir, tu m'avais informé il y a quelques mois qu'un de tes amis avait publié un premier roman via un agent littéraire. J'ai personnellement terminé les corrections de mon polar,<br /> et tenterais bien de le commercialiser. Aurais-tu les coordonnées de ton ami ? Pourrais-je le contacter de ta part ? Merci d'avance du coup de pouce : en cas de publication, un exemplaire dédicacé<br /> (pour peu qu'il ait une valeur quelconque !) te sera offert !<br /> <br /> Amicalement. A bientôt.<br /> <br /> <br />